À moins de deux ans des élections générales de 2026, le paysage politique béninois se redessine sous l’impulsion d’alliances stratégiques et de nouvelles coalitions. Tandis que les partis au pouvoir consolident leur gouvernance commune avec la signature d’un nouveau protocole d’accord, les forces de l’opposition s’unissent pour dénoncer les orientations actuelles et préparer une contre-offensive politique. Entre renforcement de la mouvance présidentielle et convergence d’action de l’opposition, le Bénin semble s’engager dans une dynamique de confrontation inédite, annonçant un scrutin de 2026 potentiellement décisif.
Les alliances politiques se réactivent au Bénin, et avec elles, une intensité timidement croissante autour de la préparation des élections générales de 2026. Le jeudi 10 octobre 2024, l’Union progressiste le Renouveau (UPR) et le Bloc républicain (BR), deux partis phares de la mouvance présidentielle, avaient signé un protocole d’accord renouvelé pour affirmer leur coopération et renforcer leur gouvernance commune dans les communes du Bénin. De l’autre côté de l’échiquier politique, les forces de l’opposition se rassemblent et créent, un mois plus tard, le Cadre de concertation de l’opposition (CCO), une alliance stratégique visant à contrer la gouvernance de la Rupture et à poser les jalons pour les échéances électorales de 2026.
Le protocole d’accord signé entre l’UPR et le BR confirme une volonté de stabiliser la gouvernance territoriale, se plaçant dans la continuité d’un premier accord de 2020 qui visait à harmoniser la gestion municipale au sein des collectivités décentralisées. Ce renforcement traduit une volonté de la mouvance présidentielle de se préparer pour 2026 en consolidant ses acquis et en affinant ses mécanismes de coopération locale. Joseph Djogbénou, président de l’UPR, a d’ailleurs souligné l’importance de cette alliance dans le maintien de la stabilité au sein des collectivités. Pour Abdoulaye Bio Tchané, Secrétaire exécutif national du BR, ce rapprochement stratégique répond aux attentes des militants et témoigne de la détermination des deux partis à maintenir le cap de la gouvernance. Cette initiative marque un message clair : la mouvance présidentielle veut rester unie et puissante face aux prochaines élections.

Sur le front opposé, les partis de l’opposition ont démontré leur volonté de riposter, mettant de côté leurs divergences pour organiser une coalition visant à contrer le pouvoir. Le dimanche 10 novembre 2024, cinq partis majeurs de l’opposition se sont rassemblés au Bénin Royal Hôtel de Cotonou pour créer le CCO, un forum d’échanges et d’unité d’action. La déclaration de Nourénou Atchadé, du parti Les Démocrates, est éloquente : l’objectif est de mobiliser les Béninois pour « libérer le pays » et promouvoir une alternance face à un système qu’il juge oppressif. Cette déclaration résume la posture de l’opposition, qui revendique une lutte pour la démocratie et la justice sociale. Les critiques acerbes contre la gouvernance actuelle se multiplient : dénonciations de la souffrance populaire, manque de transparence, détournements de fonds publics, et tentative de « confisquer le pouvoir » à travers un code électoral restrictif.
Les leaders de l’opposition se sont relayés pour critiquer un système qu’ils jugent injuste et antidémocratique. Antoine Vissétogbé Guédou, président de la Grande Solidarité Républicaine (GSR), n’a pas hésité à attaquer le pouvoir en place en qualifiant sa gestion de « caserne d’Ali Baba ». Quant au président de la Nouvelle Force Nationale (NFN), Appolinaire Avognon, il fait appel à la mémoire collective en rappelant la lutte pour la démocratie en 1990 et invite le peuple à agir pour rétablir les valeurs démocratiques au Bénin. Tous s’accordent sur une nécessité impérieuse de révision du code électoral et d’audit du fichier électoral, perçus comme des outils de contrôle politique par la mouvance présidentielle.
Ainsi, tandis que l’UPR et le BR semblent poser les fondations pour une collaboration harmonieuse et durable, l’opposition, au travers du CCO, entend jouer la carte de la concertation et de la mobilisation populaire pour barrer la route aux ambitions présidentielles de la mouvance.
Avec ces manœuvres de part et d’autre, le Bénin se dirige vers une bataille politique de grande envergure. La mouvance présidentielle, soudée, affirme sa stabilité et son ancrage dans les collectivités. L’opposition, fédérée, est déterminée à résister. La scène est prête pour un affrontement politique de haut niveau en 2026, dans un climat où chaque camp affûte ses stratégies et ses alliances. Reste à voir si cette dynamique de confrontation favorisera un scrutin transparent et pluraliste, ou si elle ouvrira la voie à de nouvelles tensions. Quoi qu’il en soit, ces prémices annoncent un 2026 où les Béninois seront aux premières loges pour décider de l’avenir démocratique de leur pays.
Jean Pierre ABALLO
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